Marine Vacth, la discrète
Elle est jeune, jolie.
.. et discrète. Marine Vacth a beau avoir fait sensation dans le dernier film de François Ozon, sorti le 21 août dernier, passant de mannequin peu connu à graine d’actrice star, la jeune femme de 22 ans détone dans le milieu du septième art. Comme une figure à l’ancienne, celle qui a captivé l’affiche des plus grandes campagnes grâce à son physique parfait s’exprime pourtant à mille lieues d’un culte de la notoriété. A l’heure où celle-ci repose davantage sur du vide que du talent, l’une des jeunes pousses les plus talentueuses du moment se refuse pourtant à jouer ce jeu dangereux. Gracieuse mais lointaine, Marine Vacth est de ces beautés froides qui recherchent plutôt qu’une enivrante superficialité leur profonde utilité.
Marine Vacth, la promotion, ça n’est pas son truc. Attendue comme l’un des visages les plus emblématiques du Festival de Cannes 2013, passant d’un rôle de figurante dans un Klapisch à l’héroïne du dernier François Ozon, Jeune et Jolie, ne traitant pas du sujet le plus simple pour une jeune femme tout juste arrivée dans ce singulier métier, la Française a rapidement imposé son embarras. Mal à l’aise, gênée, lors de la montée des marches, lors de laquelle ses larmes et son regard apeuré ont particulièrement marqué, laconique en interview, peinant à traduire oralement son expérience dans un film, probablement submergeant, celle qui se faisait remarquer à quinze ans par un chasseur de têtes dans un magasin de vêtements et joue de son corps sans complexe dans un long-métrage sur la prostitution fait part d’une incroyable pudeur une fois soumise à l’exercice des questions. Evoquant, bien que difficilement, son personnage d’Isabelle face à des journalistes éblouis par sa beauté sidérante, Marine Vacth semble pourtant venue d’ailleurs, dans son vocabulaire, ses tournures de phrase, son blocage à jouer le jeu de la séduction. Car là où les acteurs sont rois à l’art de vendre leur travail, et, souvent, même, leur vie, la jeune comédienne préfère, fragile, se renfermer sur la seule appréciation extérieure de son talent.
Presque marginale, singulière en tout cas, cherchant un sens bien supérieur à l’adulation des médias, Marine Vacth s’oppose ainsi complètement à cette vision dominante de l’acteur star. C’est bien elle qui, en 2010 déjà, affirmait son désintérêt pour la notoriété au magazine Glamour.
Les paillettes, les magazines, ça ne m’a jamais fait rêver.
Quand la plupart de ses collègues de son âge embrassent peu avares leurs privilèges, shopping dans les boutiques de grands créateurs, chauffeur, soirées VIP, cadeaux des plus prestigieux, villa faramineuse, Marine Vacth, elle, n’accorde aucune importance à cette effervescence. L’on pourrait même dire que tout ça ne lui fait ni chaud ni froid. Ses aspirations n’ont pas changé, elles ne sont pas de remporter les plus gros cachets, pas même de tourner pour les réalisateurs les plus talentueux. La vocation de Marine est plus vaste, plus symbolique, plus méritante, et plus inspirante aussi. Celle de vivre ses rêves plutôt que de rêver sa vie. De faire, plutôt que de paraître. Elle faisait ainsi une déclaration des plus stimulantes au Journal Du Dimanche, telle une philosophe qui s’ignore.
J’ai d’autres centres d’intérêt : j’écris, j’aime les activités manuelles. Je prends les choses comme elles arrivent car c’est en vivant qu’on peut se trouver. Réussir à suivre mes envies est peut-être aujourd’hui ma seule ambition.
Marine Vacth ne se prend pour personne, elle essaie déjà d’être. La preuve que la fascination pour la célébrité n’est pas encore irrémédiablement ancrée dans notre société. Un espoir de plus vers la sortie du culte de la vacuité.
Voir la bande annonce du film Jeune & Jolie :