Une première Barbie chauve, début de la diversité chez Mattel ?
Cette année, Barbie aura multiplié les visages.
Mais pas toujours de son propre gré. Alors que le rôle de la poupée Mattel dans la diffusion du diktat de la minceur devient problématique, les millions de petites filles se référant à ce modèle dès leur plus jeune âge ancrant de facto en mémoire cette injonction d’une silhouette idéale impossible à atteindre, de plus en plus d’associations et d’individus font entendre leur désapprobation. Voire leur condamnation. C’est par exemple en ce sens que Nickolay Jamm, un artiste américain de 24 ans, a reproduit une Barbie aux mensurations réalistes, à laquelle une jeune femme actuelle de vingt ans, tout à fait lambda, devrait ressembler. Mais ce n’est pas la seule opération “relooking” de la poupée Mattel qui aura fait parler d’elle. Cette fois, c’est d’ailleurs la société elle-même qui est à l’origine du lancement d’une Barbie chauve, à destination des petites filles malades.
Elles sont douze à s’échanger de mains en mains dans un hôpital polonais. Leur petit nom ? Ella. Leur particularité ? En plus de leurs jambes de gazelles et leur taille de guêpe habituelles, ces toutes nouvelles poupées ont à leur disposition de nombreux accessoires capillaires. Des perruques de toutes les formes, toutes les couleurs peuvent ainsi recouvrir leur crâne… laissé nu. Ella est cette Barbie née d’un douloureux constat. En 2012, Genesis Reyes, une petite fille de quatre ans atteinte d’un cancer, avait reçu cette poupée unique, souffrant de ne plus être considérée comme une princesse sans sa précieuse chevelure. Une pétition sur Change.org s’en était suivie, réclamant que cette Barbie “belle et chauve” soit plus largement distribuée. Un moyen de préserver tant bien que mal l’innocence d’enfants aux proies de la maladie, se sentant désormais en marge de la société. Est-ce donc la preuve que Mattel amorce une évolution vers une plus grande diversité ?
Pas vraiment, vous répondrait-on. D’une part parce que la fameuse Ella n’est pour l’instant accessible que dans les hôpitaux, rassurant certes les petites filles malades, mais ne contribuant pas à un plus large mouvement de prise de conscience, ou d’acceptation. D’autre part parce qu’il a fallu une pétition très largement médiatisée et un fondement dramatique pour que la moindre mesure soit prise. A noter également qu’accessible à partir du site de la fondation nationale à destination des patients atteints d’alopécie areata, la néo Barbie est toutefois présentée dans son emballage une perruque sur la tête. Comme si en dépit d’une stratégie de communication bien menée, la marque était encore une fois passée à côté du bon et véritable message.