Suède : un nouveau scandale pour le mannequinat
Il y a un mois à peine, une initiative prise par un magasin suédois avait fait le buzz.
L’exposition en vitrine de mannequins défiant les tailles standards, plus en chairs, avait été relayée dans le monde entier, acclamée, comme une admirable action guerrière contre les dangereux diktats de la mode.
Aujourd’hui, ce même pays est à nouveau sous le feu des projecteurs, mais pour des raisons à l’opposé, dramatiques. La directrice d’une clinique pour anorexiques a en effet révélé à la presse nationale que des chasseurs de tête se présentent couramment à la sortie de ce genre d’établissement, cherchant par tous les moyens à recruter les mannequins stars de demain.
Ils étaient à l’extérieur du bâtiment et attendaient que les jeunes filles sortent en promenade car ils savent qu’elles sont très maigres.
La dirigeante du centre va même plus loin, affirmant qu’il n’est pas rare que de tels individus abordent des filles si maigres qu’elles ne peuvent se déplacer sans fauteuil roulant.
La révélation fait froid dans le dos et dévoile une nouvelle fois le discours hypocrite de nombreuses agences de mannequins. Alors que le monde de la mode prône depuis plusieurs années un combat contre l’anorexie, déclare prendre des mesures interdisant le défilé de mannequins en deça d’un certain poids – épouvantablement faible – ou surveiller l’IMC de ces dernières, l’on peut à nouveau constater les voies extrêmement dangereuses encore couramment empruntées. Les règlements en vigueur restent bien trop superficiels, peu surveillés, et donnent lieu à des pratiques moralement nauséabondes, dont l’exemple suédois ne représente qu’un minuscule grain de sable. Si des syndicats de mannequins défendant leurs droits voient lentement le jour, le milieu se présente comme peuplé de non-valeurs archaïques et tyranniques, à la perniciosité mortelle.
C’est ce même constat, désolant mais flagrant, qui a amené une agence brésilienne, filiale de la célèbre Ford Models, à faire campagne. Prenant pour référence les croquis réalisés par les stylistes durant l’élaboration d’une collection, l’agence a placé en comparaison la silhouette d’une femme aux mêmes proportions. Le dessin, longiligne, se matérialise sous la forme d’un corps squelettique, maigre à faire peur. De loin, pourtant, l’affiche ressemble à s’y méprendre aux campagnes publicitaires habituelles, et, oh choc, nos yeux s’y habitueraient presque.
« Vous n’êtes pas des croquis », clame alors Star Models aux mannequins du monde entier, et aux femmes s’y conformant. Cessez de laisser vos corps se faire torturer afin de coller trait pour trait aux silhouettes mises sur papier par les créateurs de mode. Vous êtes des êtres humains.
Un nouvel appel aux consciences, qui, espérons-le, aboutira rapidement à un réel débat. Il serait temps que de strictes mesures soient prises à l’encontre de ces déviances, encore bien trop nombreuses. A quand des réglementations d’envergure mondiale ?