Peut-on être une star millionnaire et vivre simplement ?
C'est la question qui se pose au travers de l'exemple de plusieurs célébrités.
Nous apprenions fin mai que malgré les recettes mirobolantes des longs-métrages dont elle est l’actrice, Keira Knightley a gardé les pieds sur terre. La jeune anglaise ne s’octroierait ainsi pour salaire annuel qu’un montant total de 35000 euros. Nouvelle comparse d’une vie saine et sobre, Emma Watson, dont la récente déclaration sur son unique possession de huit paires de chaussures a soulevé un tollé médiatique auprès des rédactions mode et people. Ces deux exemples d’un retour à des préoccupations non pas matérielles mais professionnelles – deux valeurs si souvent emboîtées chez nos amies célébrités – , détonent dans une société soumise à un consumérisme flirtant avec l’excès. Retour sur la promotion paradoxale d’un mode de vie décroissant.
Le dernier rôle d’Emma Watson au cinéma ? Celui de Nicki, une adolescente aveuglée par l’avidité de notoriété et son matérialisme intrinsèque. L’une des jeunes filles perdues composant le Bling Ring. C’est durant la promotion de ce long-métrage – que l’on doit à Sophia Coppola – que l’actrice vingtenaire s’est livrée sur ses propres habitudes de consommation. Prenant pour exemple la villa exubérante de Paris Hilton, dont le dressing est si colossal qu’il a fallu de nombreux cambriolages avant que la star ne réalise que sa penderie s’était amoindrie, cette jeune femme connue pour privilégier ses études – elle poursuivra à la rentrée son parcours de littérature à l’université de Brown – et sa vie dite réelle a comparé ce train de vie luxuriant à son propre mode de vie. Interviewée par Radio Times, Emma Watson a ainsi révélé ne posséder… que huit paires de chaussures !
Elle ne pourra jamais porter tous ces vêtements et la moitié d’entre eux étaient encore neufs voire portaient encore l’étiquette du prix… Mais j’imagine qu’elle les achète simplement pour les avoir. Je sais que nous achetons tous sous le coup de l’impulsion mais là, c’est une chose entièrement différente. C’est comme si le consumérisme était devenu une forme de cleptomanie. Personnellement, j’ai peut-être huit paires de chaussures et c’est tout.
Il n’en fallait pas plus pour les sirènes matérialistes de la mode ne retentissent. Détracteurs en série, chroniqueurs peoples épiant les pieds de la star explosive de Harry Potter sur chaque photo de paparazzi, gribouillant sur un carnet de notes le nombre de chaussures différentes alors aperçues au fil des jours, communiqués internets en appelant à la démagogie de l’actrice, la véracité de ses propos a été d’un revers de manche balayée. Notoriété, compte en banque fourni et sobre train de vie sont-ils donc si incompatibles ?
Non, renchérirait Keira Knightley. Celle qui a enchaîné les gros rôles – Pirates des Caraïbes, Love Actually, Orgueil et Préjugés, Last Night, Anna Karenina en éclipsent d’autres dans sa filmographie conséquente – et leurs épais cachets associés, se démarque en effet par une volonté affirmée de mener une existence confortable mais décroissante. Entre autres égérie Chanel, disposant d’excellentes relations avec son directeur artistique, l’Anglaise a par exemple fait le choix de recycler l’une de ses robes de soirée pour sa tenue de mariée, cérémonie intimé à laquelle elle s’est rendue en Renault Clio. Peu attachée à la propriété, ce n’est qu’une mesure accessoire du grand changement de train de vie que l’actrice s’est imposée. Exit les rémunérations à sept chiffres que multiplient ses collègues stars, Keira Knightley, disposant de sa propre société, ne se verse en effet selon des documents récupérés par le tabloïd The Sun qu’un salaire de 35000 euros annuels.
Keira Knightley a récupéré 23 000 euros en dividendes de sa société ainsi qu’un salaire de 13 000 euros.
Un nombre dérisoire lorsque l’on sait que les revenus annuels de ses films et contrats publicitaires s’élèvent à plus d’un million d’euros. Autre conséquence de cette nouvelle éthique, des dépenses désormais dérisoires en cosmétiques et prêt-à-porter et l’absence délibérée de recours à un coach personnel.
Ne prétendant toutefois pas à un train de vie dit « normal », leur statut de célébrité leur conférant toujours des avantages colossaux parmi lesquels des cadeaux luxueux des plus grands créateurs ou le prêt de bijoux d’une valeur inestimable lors de chaque apparition publique, ces deux stars des plus admirées dans le monde entier ont simplement fait le choix d’un mode de vie plus raisonné. Détachées de l’opulence, craignant même cette consommation devenue indigeste au point de prendre le pas sur nombre de valeurs traditionnelles, Keira Knightley et Emma Watson souhaiteraient simplement mener une existence recentrée sur des projets concrets, et le plaisir de profiter des choses les plus simples. Alors qu’il y aurait-il au juste à leur reprocher ?