L’après Jeune & Jolie pour Marine Vacth
Il y a eu le tournage, la présentation au Festival de Cannes, les avant-premières, la sortie officielle française.
La page Jeune et Jolie est donc pour Marine Vacth sur le point de se tourner. Une page primordiale, au cours de laquelle l’égérie Yves Saint Laurent, simple figurante dans un Cédric Klapisch, presque arrivée là par hasard, s’est révélée étoile gracieuse du septième art, jeune promise du cinéma français. Héroïne d’un long-métrage difficile, requérant un investissement physique, moral, psychologique, duquel elle éclot en papillon fragile mais intensément beau, Marine Vacth possède ainsi toutes les qualités pour être de tous les nouveaux projets. Mais alors que l’on n’ose imaginer les scripts sous lesquels sa table de chevet ne cesse de crouler, la Française préfère jouer de son mystère. Dissociée d’une industrie assujettie au profit ou à l’étalage frénétique de ses divers longs-métrages, Marine Vacth n’a encore signé pour aucun nouveau film dans lequel tourner.
Les réalisateurs doivent quotidiennement la harceler. C’est l’image que l’on se fait de Marine Vacth, révélation explosive du dernier François Ozon, cette adolescente plus vraie que nature se prostituant pour des raisons troubles, étrangères aux autres – aussi bien peut-être qu’à elle-même. A l’image d’une Léa Seydoux encensée par ses nombreux projets depuis Belle Epine, ou une Adèle Exarchopoulos courtisée jusqu’à l’Amérique depuis ses prouesses dans La vie d’Adèle, on imagine sans mal les coups de fil incessants d’un agent, les propositions toutes plus incroyables s’enchaînant, les immenses fleurs sans nuances lancées à son attention. Et pourtant. Marine Vacth sait garder une saine distance avec cette implacable effervescence, n’ayant toujours pas décidé d’une nouvelle épopée après l’extraordinaire Jeune et Jolie. Ce qu’elle refuse avant tout ? « Jouer pour jouer ». Pour Marine Vacth, la vérité est ailleurs. Dans ses proches, sa culture personnelle – elle lit beaucoup, du Françoise Sagan surtout, préfère l’écrit à la parole – , ses activités manuelles – elle retape des meubles et crée des vêtements – , ses rêveries mélancoliques, son retrait du monde réel.
Son seul projet réel ? S’installer avec son amoureux, le photographe Paul Schmidt, et leur chat Alphonse – nommé d’après le personnage éponyme d’un film de Truffaut – dans un joli appartement du onzième arrondissement. Car c’est bien là le sanctuaire de cette actrice émérite, comme elle le dévoile régulièrement en interview. La gloire est insignifiante, le cinéma n’est pas le plus important.
Les choses précieuses sont ailleurs. Mon point d’équilibre, c’est ma sphère intime, les gens que j’aime. […] Si demain tout s’arrête, je sais aussi que je peux vivre totalement autrement.
Ex-enfant réservée dans une famille stricte dont elle ne garde que peu de bons souvenirs, émancipée grâce à son entrée dans le milieu du mannequinat dès l’âge de quinze ans, Marine Vacth souhaite peut-être avant tout conserver son indépendance. Celle de sélectionner avec soin les projets qu’elle choisira d’accepter, entre shootings pour les magazines – elle poursuit une carrière de mannequin – , films célébrant son talent gracile, de mener son existence propre, ses expériences variées, non planifiées. Sans pression aucune, sans besoin d’affirmer sa grandeur d’actrice, Marine Vacth ne suit que son inspiration, ses aspirations, son instinct d’artiste. Un OVNI silencieux dans un milieu sujet à la course au nouveau succès, Marine Vacth se paie finalement le luxe de vivre à son propre rythme. Un mode de vie inspirant, revigorant, ne rendant toutefois pas la tâche facile aux journalistes avides d’être les premiers à commenter ses tout nouveaux projets.