Irlande : un premier pas vers la légalisation de l’avortement

C'est une affaire qui avait mobilisé les esprits.

Irlande, 28 octobre 2012, Savita Halappanavar, une Indienne âgée de 31 ans, avait été admise d’urgence à l’hôpital à la suite de violentes douleurs abdominales. Enceinte de dix-sept semaines, la jeune femme endurait une fausse couche. Se heurtant à un personnel hospitalier se référant à la législation irlandaise, prohibant toute interruption de grossesse, Savita Halappanavar était décédée une semaine plus tard d’une septicémie, directement liée à cet épisode effarant.

Confrontée à une opinion publique aussi traditionnellement catholique que ses institutions, l’Irlande protège depuis 1983 la vie de l’embryon, interdisant légalement tout type d’avortement. En Europe, seuls deux pays suivent les mêmes principes, Malte et Andorre, tandis que, si la majorité des Etats l’autorisent sans condition, certains limitent son application légale aux cas de viols et d’atteinte à la vie de la mère. C’est la voie que l’Irlande est sur le point d’emprunter après l’épisode tragique dont elle a été l’actrice.
A 127 voix contre 31, malgré les manifestations activistes à son encontre et les tergiversations politiques interminables, un texte autorisant l’intervention de grossesse si elle nuit de façon probante – certifiée par plusieurs médecins – à la vie de la mère a finalement été adopté par le Parlement irlandais. La mesure est minimale, mais elle marque un véritable tournant dans la législation en vigueur, amorçant une première victoire des droits des femmes sur le catholicisme conservateur ancré dans les moeurs. A noter que la Cour Suprême irlandaise avait déjà statué le recours à l’IVG dans le cas précis, mais n’avait pour lors jamais vu son usage pratique entériné. Il reste à présent au texte de loi à recueillir l’approbation de la Chambre haute du Parlement pour qu’il puisse éviter à d’autres victimes de rejoindre le sort dramatique de Savita Halappanavar. Il aura fallu attendre un tel décès pour que les mentalités s’engagent.